Pour ceux qui n'ont pas pu être des nôtres
Voici le texte hommage pour la belle Gisèle
Chers parents et amis,
Merci d’être avec nous aujourd'hui pour dire aurevoir à une grande dame de cœur.
Maman, grand-maman, arrière-grand-maman, tu étais une femme de famille, une grande mélomane, une organisatrice en chef, une amoureuse de la nature, une cuisinière hors-pair, une spécialiste de l’émerveillement, une coquette à tes heures, une pince sans rire.
Maman, toi la douce, l'aimante, la patiente, la dévouée, tu as su prendre soin de ta famille et de tous ceux qui gravitaient autour d'elle. Maman, toi qui nous as aimé, cajolé, consolé avec tant de tendresse et de bienveillance.
Quelle vie tu as eue! Tu as eu cinq enfants en cinq ans. Nous avons peuplé la 8e rue de francophones. Tu tentais de donner autant d'attention à chacun. Et il y avait souvent des malades imaginaires qui manquaient l'école pour t'avoir à eux seuls pour la journée. Lors des repas, tu nous enseignais les bonnes manières à la table, tâche assez difficile avec la gang de bouffons que nous étions. Comme argument final, tu nous disais que tu ne nous amènerais jamais manger chez la Reine d’Angleterre. Ha! Ha! Ha! Comme si cela avait vraiment du poids pour nous.
Maman, la femme qui aimait son mari et qui le suivait dans ses projets grandioses comme les voyages de pêche dans le fin fond du bois et qu'il fallait bien planifier pour ne manquer de rien. Il y avait aussi les voyages au New Hampshire pour visiter ta soeur Claire. Tu t'assurais que rien ne manque. Les grandes bouffes de papa, genre 144 homards vivants à cuire et décortiquer en une journée. Je crois que nous sentons encore le jus de homard. Et que dire de la farce pour Noël... 50 lbs d'oignons, 50 lbs de patates, 50 lbs de boeuf haché, etc. C'était pratiquement l'usine Marquis-Gervais qui se mettait en branle plusieurs fois par année, selon les arrivages (maïs, bleuets, tomates du jardin, pommes, ketchup aux fruits, betteraves, etc.).
Il y avait aussi la Gigi coquette, celle qui adorait se pomponner pour les grandes sorties. Tu choisissais de belles robes longues, te coiffais, te maquillais, te parfumais, portais de beaux bijoux, etc. Lorsque tu revenais de ces belles soirées, tu nous laissais les délicieux menus pour qu'on puisse voir comment tu t'étais régalée. Belle Gigi l'amoroso!!!
Marc Favreau avait la mère-veilleuse, nous, nous avions notre émerveile-maman ou l’émerveillante. Tu colorais nos céréales au retour de nos excursions au Parc Belmont, tu nous permettais de dormir à la belle étoile sur le balcon, avec nos amies, installées en rang d’oignon.
L’Émerveillante, tu nous réveillais en pleine nuit pour observer les aurores boréales, tu prenais le temps de nous faire admirer les beaux couchers de soleil, tu aimais beaucoup la petite faune urbaine. Tu nourrissais les écureuils, au grand dam de papa.
Grand-maman Gisèle
Tu as accueilli un à un tes petits-enfants et tu leur as fait de la place dans ton grand coeur. Tu les dorlotais avec autant d’amour que tes propres enfants. Ils se souviendront tous de tes câlins réconfortants, ton écoute, tes petites collations comme les crudités et trempette, ton regard doux lorsqu’ils jouaient.
Grand-maman (texte lu par Marilyse)
Tu avais cette grande douceur qui nous enveloppait comme un manteau chaud. Tes bras savaient consoler, apaiser, nous donner le sentiment d’être exactement à notre place. On s’y réfugiait volontiers, car rien n’était plus réconfortant que tes étreintes. On se souviendra aussi de ton humour bien à toi : ta façon unique de sacrer sans jamais offenser personne — ah chocolat ! eh caramel ! oh fudge ! — qui nous faisait toujours rire aux éclats. Et ces sourires en coin que tu laissais échapper quand on faisait ou disait une niaiserie… Tu avais ce regard complice, un peu moqueur mais plein d’amour.
Ta patience était infinie. Combien de fois as-tu regardé le même film juste parce que c’était notre préféré ? Toujours sans te plaindre, juste pour nous faire plaisir. Et puis il y avait tes recettes transmises de mère en fille, avec tes fameuses mesures : “un peu de ceci, un peu de cela”. Oui mais combien, grand-maman ? Et toi de répondre : “Tu y vas à l’œil.” Ce n’était pas une cuisine, c’était de la magie. On se rappelle aussi de toi, reine de ton balcon, à admirer ton jardin fleuri tout en surveillant tes petits-enfants qui jouaient dans la cour. De tes gâteries toujours prêtes, même quand nos parents disaient non — toi tu avais toujours le dernier mot : “Je suis la maman de ta maman, alors oui, tu peux en manger !”
Et comment oublier ta fameuse boîte magique de biscuits belges au chocolat, avec sa petite carte que tu connaissais par cœur. On prenait le temps d’analyser chaque sorte, et tu nous conseillais avec ton expertise gourmande. Grand-maman, tu étais douceur, complicité, rires et amour. Tu as fait de chaque moment avec toi un souvenir précieux. Tu nous laisses un héritage d’amour, de chaleur et de petites traditions qui continueront de vivre à travers nous. Merci pour tout ce que tu as été. On t’aime, et on va s’ennuyer de toi plus que les mots ne peuvent le dire.
Maman, la grande mélomane. Nous connaissions ton grand amour pour la musique. Il y en avait d’ailleurs continuellement dans la maison. Je me souviens des déjeuners du dimanche sur fond de musique diffusée par CFGL.
Toi, la chanteuse d’opérette, tu aimais chanter et chantonner sur divers airs et ça remplissait la maison d’une belle douceur.
Tu as aussi assisté à plusieurs spectacles, dont celui de Charles Aznavour, avec qui tu as chanté toute la soirée, bien installée dans ton siège. Quel bonheur sur ton visage!
Lorsque nous avons commencé à voler de nos propres ailes dans ce domaine, nous n’hésitions jamais à te dire maman vient écouter ça, c’est super bon!. Tu n’hésitais jamais à venir t’asseoir avec nous pour écouter. Parfois, tu nous disais que c’était bon, mais la plupart du temps ça te plaisait moins. Ce n’était pas grave; au moins tu avais pris le temps d’écouter avec nous. Par contre, combien de fois nous t’avons trouvé devant la télé à regarder des spectacles rock que nous avions enregistré. Cré maman! Tu aimais bien Supertramp, Billy Joel, Queen et bien d’autres encore.
Maman, tu as su nous envelopper de ton amour. Tu avais toujours un mot gentil, un compliment, une attention, pour chacun et chacune d’entre nous.
Maman, la rassembleuse, le cœur ouvert à l’autre, empathique, l’intéressée, sans jugement, équitable, toujours un sourire aux lèvres. Tu t’intéressais toujours aux autres et savait écouter tout un chacun et offrir tes précieux conseils. Plus d’un ou une amie se souviennent de ton accueil chaleureux. Tous les enfants du quartier se souviennent de toi et de tes petites collations accompagnées de Kool-Aid par des belles journées d’été. Qui peut oublier les épluchettes de blé d’inde que tu organisais. Que tu étais vraiment futée, chère maman. Tout le monde collaborait à éplucher les blés d’inde car tu en avais coloré certains à l’intérieur, ce qui donnait droit à des prix. Quelle maman!!!
Maman, Tu as su nous transmettre de belles valeurs qui vivent à travers tes petits-enfants aujourd’hui. Ton héritage est intemporel. Tu nous manqueras infiniment.
Dominique Marquis, le 19 août 2025